N’ayons pas peur des mots !
Chers lecteurs,
On ne va pas se mentir, j’ai de la difficulté à trouver de l’inspiration dans l’actualité de Chant Pour Tous, tant celle-ci est en suspens. Mais vais-je me laisser silencier par la morosité qui a tant la côte ces derniers mois ? Que nenni ! Aujourd’hui, j’ai envie d’écrire des mots. Non, pas vraiment. J’ai envie d’écrire à propos des mots. Plus précisément de la place que l’on laisse aux mots dans un contexte d’improvisation.
Dans les milieux d’improvisateurs que je fréquente, rares sont les individus que j’ai entendu improviser en utilisant des mots plutôt que du langage imaginaire ou des onomatopées. Moi-même, j’ai mis un moment à passer le cap, et ce parce que j’avais pas trop le choix dans le contexte, et ceux qui y ont assisté se rappellent peut-être de la montagne que ça a pu représenter pour moi à l’époque. Et je ne le fais toujours pas souvent.
Cette semaine sur la page Facebook de Chant pour Tous, j’ai proposé une exploration sur du langage parlé, avec une phrase pré-existante (retirant ainsi la difficulté d’avoir à réfléchir à ce qu’on va dire) et vous avez été environ zéro virgule zéro à participer. Un record :D. Alors peut être que la phrase ne vous inspirait pas, ou peut être que c’est autre chose.
Alors si, parfois on assiste à des impros avec des mots, mais souvent, on est dans le registre du comique, et on se retrouve avec des boucles et solos qui parlent de saucisses, de chaussettes, de rhododendrons et de vers de terre. (non, je n’ai rien inventé ). Et c’est dont ben l’fun (à lire avec un accent québécois )
Mais voilà, moi ça me questionne pas mal.
Pourquoi une majorité de gens semblent éviter les mots ? J’ai une série d’hypothèses :
- Première hypothèse : c’est dur ! Il faut réfléchir et inventer ce qu’on dit en même temps qu’on chante, et c’est une compétence sur laquelle on a pas tous envie de se risquer.
- Seconde hypothèse : Ca coupe la fluidité pour certains : dans l’impro, beaucoup cherchent du lâcher prise, et de mettre des mots les oblige à trop mentaliser, leur faisant perdre en partie le plaisir du moment.
- Troisième hypothèse (ma préférée) : c’est trop dangereux émotionnellement, ça nous met dans une situation de vulnérabilité potentielle. On doit s’exposer et dire pour de vrai. Alors oui, quand on parle de saucisse tout va bien, les rhododendrons, on s’en sort encore, les chaussettes c’est la fête, mais faudrait pas se laisser aller à ce qu’on entrevoit un bout d’émotion verbalisée. En utilisant du langage imaginaire, on peut toujours prétendre que l’autre en face a mal compris le message que l’on voulait faire passer. Avec des mots, on peut moins s’échapper. Pourquoi se risquer à dire “je t’aime” quand on peut dire “poum ba wa” ? Pourquoi dire “je me sens triste” quand on peut dire “yiloulay” ? Loin de moi l’idée de vouloir généraliser, et je me doute que certains lecteurs sont des fervents défenseurs des “ani-mots” . Ils arrivent à s’épancher sans pudeur sur leur états-d’âme les plus profonds quand il chantent, mais je n’en ai pas souvent croisé, et j’adorerais ,car je trouverais ça très inspirant.
Alors voilà, je le dis, je le proclame, n’ayons pas peur des mots !
Oui, je sais, on peut faire passer plein d’émotions sans eux, mais avec eux aussi ! Les mots d’amour, les mots d’humour aussi ! Les mots de joie, les mots de peine, les jeux de mots… Les mots sont nos amiiiis, il faut les aimer aussi.
Et vous ? Vous improvisez avec des mots des fois ? Pourquoi ? Comment ? C’est facile? difficile ? Vous nous montreriez vos impros avec des mots ?
Jessalynn
Les mots mots les mots font l’émotion comme dirait l’autre Alain Peters .
Si les mots vous parlent mais que la technique de l’impro avec des mots vous freine, je vous engage à travailler ce que j’appele piraterie verbal : laisser filer les mots comme des notes , puis porter l’attention sur les rimes les mots qui raisonnent et enfin sur l’intelligibilité du texte.
Cet manip qui privilégie d’abord la musicalité au texte compréhensible est une belle porte d’entrée pour l’impro verbal , signé L’impro’steur
Bonsoir Jessalynn,
Je rejoins Pascale sur le retour sur ton message.
Alors en ce qui me concerne, ben ce sont les 3 raisons que tu as évoquées ^^
Parce qu’en impro paroles, l’anglais sonne mieux donc plus facile même si pas toujours évident d’avoir de l’inspiration.
Et pourtant, je suis comme vous deux, j’aspire à improviser en français car c’est une belle langue et je me suis dit que ça serait mon prochain challenge en jam… sauf qu’il n’y en a plus… pour l’instant ! J’y crois et nous chanterons en coeur (choeur) ;0)
Merci beaucoup Jessalynn pour cet article. J’ai rigolé (j’aime beaucoup ton humour). Et surtout j’ai applaudi la justesse de tes mots qui rejoignent des réflexions que je me suis faites. Moi aussi, j’aime les mots dans les impros et je déplore parfois de n’en entendre que trop peu. Mais ça va changer, l’aire des improvisateur.rice.s avec des mots va arriver me dit mon petit doigt…!
Je suis ton troisième petit doigt.